mercredi 11 novembre 2015

MARSEILLE, LITTORAL PANORAMIQUE

L'âme d'une ville peut tenir dans un livre, mais c'est impossible quand il s'agit de Marseille. Le photographe Laurent Giraudou a tout de même réussi à capter l'essence de cette métropole incomparable avec son ouvrage : "Marseille, littoral panoramique".
Un format à l'italienne, pour servir un concept dont la réussite n'était pas garantie, saisir en panoramique, de la calanque de Sormiou aux collines de l'Estaque, les plus beaux points de vue du littoral marseillais. Il lui a fallu planquer dans l'attente des bonnes lumières, revenir pour éviter des présences disgracieuses dans le champ, bref prendre son temps pour servir aux observateurs chanceux de ces images, le spectacle enchanteur des merveilles de ces kilomètres de bord de mer.

Le panoramique, dans la généreuse largeur de la double-page, permet un lent balayage du regard qui donne toute sa vibration au bleu du ciel et de la mer, au doux orangé de la fin jour, aux lumières vacillantes de la nuit. Vous entendrez presque le bruit des vagues et le cri moqueur des mouettes en passant du temps sur chacun de ces paysages. Une expérience visuelle et sensuelle. Bref, Marseille, quoi !

Marseille, littoral panoramique. Laurent GIRAUDOU. Éditions TERCIEL. 36 euros.


mercredi 29 avril 2015

FOOTBALL ET ÉROTISME AU MASCULIN, une anthropologue au stade


Voici un livre extraordinaire qui parle de football. Il existe déjà une abondante littérature sur le sujet mais celui-ci est écrit par une femme qui a pratiqué ce jeu, en a éprouvé toutes les sensations, et surtout qui éclaire son propos d'un regard aiguisé d'anthropologue.
Beatriz Vélez nous l'indique dès les premières lignes de sa présentation de "Football et érotisme au masculin" : "Cet ouvrage espère faire découvrir de nouvelles façons de comprendre et de vivre la passion du football. Femme et universitaire, j'aborde en effet le thème de l'engouement que suscite ce sport et je mets en évidence les codes qui, selon certains de ses adeptes, le rendent comparable à l'orgasme ou au vertige.".
Beatriz Vélez se donne d'abord le droit d'ajouter son point de vue sur un sujet que les hommes se sont appropriés. Elle évoque son statut de colombienne, fille, sœur et épouse de passionnés de ce sport qui s'est sentie rejetée de cet univers occupant toute la place dans son cercle familial et son couple.
Paradoxalement, c'est l'expérience de la grossesse, la sensation offerte par son ventre sphérique qui l'aura conduite à ressentir charnellement ce que les aficionados du monde entier ont en partage, le sentiment incomparable de la fusion :
"Enceinte, j'étais troublée par l'exaltation de mon corps qui, se déployant devant moi, m'offrait l'occasion de le saisir et de le ressentir avec une intensité insoupçonnée : c'est par son travail que je prenais conscience de la vitalité de mon existence et de celle du monde. (...). J'ai commencé à entendre un autre langage, ouvert et généreux. Le vécu luxuriant et surchargé de sens de mon corps enceint m'a révélé que c'est la langue de la chair, toujours la même, têtue, primordiale, qui précède le verbe, contredisant le récit monothéiste et patriarcal qui nous est parvenu par l'expression chrétienne le "verbe s'est fait chair".
(...)
"Mon hypothèse" continue-t-elle "est que le monde du football, soutenu par la prouesse corporelle et par la densité charnelle de partisans amassés dans les lieux de sensibilité que sont les stades, est proche de ce que j'ai vécu enceinte. Et pour cela, je pense qu'il est possible de trouver des résonances entre le cri de la victoire - ou de la défaite - dans le stade et le cri bouleversant de notre entrée corporelle dans le monde; entre les émotions intenses dans le stade et la modalité d'excès dont nous avons besoin pour retrouver l'équilibre propre à notre santé."

Béatriz Vélez réalise la performance à travers ce livre d'analyser le jeu dans ses fondements symboliques les plus secrets et inconscients, le jeu mais aussi ses acteurs, ceux qui sont sur le terrain et ceux qui sont autour. Elle utilise pour cela un langage sensible et d'une grande précision qui ne laisse rien de côté pas même les aspects économiques par lesquels le "bizness" organise la mise en scène ni comment les politiques utilisent le spectacle. Son grand mérite est de saisir sans jugement, jamais de mépris ni d'inutile emphase, les courants esthétiques et émotionnels profonds qui circulent entre ceux qui créent la matière organique et non organique dégagée puissamment par ce jeu aux multiples scénarii. On serait facilement tenté de citer des passages de chaque page tellement la pensée et l'écriture touchent avec acuité et subtilité tout le registre émotionnel des amateurs de foot (des professionnels aussi !).

"Les cérémonies du stade reflètent la valeur accordée par certains humanistes au jeu ; elles ratifient le consensus sur son importance dans la vie sociale et mettent à l'ordre du jour le triomphe de l'hédonisme dans les sociétés productivistes actuelles. Revêtues d'un caractère épique, lyrique et poétique tout à la fois, elles répondent à la recherche d'excitation du public. On y est à l'affût des manières selon lesquelles les héros affronteront les forces hétéroclites de la puissance du muscle, de la rapidité du mouvement ou la vivacité d'esprit. On guette pareillement leurs réponses aux risques issus de pouvoirs majeurs liés au hasard, au destin, ou simplement au poids de circonstances aussi immédiates que de jouer à domicile ou à l'extérieur, que de commencer d'un côté ou de l'autre du terrain, ou bien que de jouer face ou dos au soleil.
La splendeur et les parures des spectateurs, l'ornement des stades, tout indique qu'il s'agit d'une fête de l'excès, comme un carnaval, et d'un recueillement comme un culte sacré. Les cris et l'euphorie, mêlés aux émotions les plus variées d'anxiété et de trouble, se nouent dans la gorge des spectateurs ; leurs actions, saisies de spasmes incontrôlables entre pleurs et rires, révèlent l'atmosphère d'un match de football".

Bref, un régal, un petit bijou de livre qui ne mérite pas de passer inaperçu. Ruez-vous dans la meilleure librairie la plus proche pour vous le procurer.

Football et érotisme au masculin. Béatriz Vélez. Editions Liber. Distribution Dg Diffusion.




samedi 21 mars 2015

RIDEAU SUR TOSCA 2015 À L'OPÉRA DE MARSEILLE.


Le passage de Tosca à l'Opéra de Marseille dans la saison 2014-2015 aura finalement marqué les amateurs d'art lyrique de la région. La mise en scène très élaborée mais dénuée de la moindre lourdeur de Louis Désiré aura permis à l'œuvre de Puccini de se laisser voir d'une manière différente, sombre et délicate tout à la fois, le danger demeurant toujours de ne pas en rajouter par rapport à l'intense dramaturgie du livret. Le dispositif scénique du décor, d'une grande complexité, se sera avéré plutôt fluide, exploitant au mieux la relative faiblesse de l'ouverture de la scène marseillaise, les costumes et les éclairages s'accordant bien avec les intentions du metteur en scène, lui qui avait été marqué par les aspects cinématographiques de l'œuvre, j'ai pensé à Visconti, et qui voulait mettre la mort au centre de son travail.
Les spectateurs auront sans doute dans leur ensemble retenu la prestation d'Adina Aaron pour la qualité et l'intensité de son interprétation du rôle-titre, la finesse et la sensualité de sa prestation furent très applaudies par le très connaisseur public marseillais, de même que la production pleine de force et de puissance du baryton Carlos Almaguer qui campait un redoutable et très effrayant Scarpia. Il manquait par contre quelque chose au ténor Giorgio Berrugi pour nous amener très haut et faire déboucher le tout sur une pleine et totale réussite, il est vrai qu'à sa décharge nous avons tous dans l'oreille la qualité de ceux qui l'ont précédé dans le rôle de Mario Cavaradossi, de Franco Corelli en passant par Pavarotti et Alagna. Il est toujours dommage de ne pas monter au rideau sur le "e lucevan le stelle".
Le rideau, au fait, parlons-en, nous avions lu et entendu que la séquence finale de cette mise en scène n'avait pas été appréciée par les puristes, Tosca ne se jetant pas dans les eaux du Tibre comme il l'est inscrit dans le livret. Louis Désiré a opté pour une autre solution tout à fait cohérente à mes yeux (mais je ne suis pas un puriste et un connaisseur absolu de l'Art lyrique), Tosca qui se voit bientôt rejointe par ses poursuivants vient au au bord de la fosse, le rideau de scène se ferme dans son dos, elle l'accroche et disparaît progressivement derrière lui, seulement éclairée par le faisceau d'une poursuite qui se ferme en iris. Nous avons donc un rideau qui symbolise tout à la fois le métier de Tosca qui est une chanteuse, les flots du Tibre, et le sang qui n'aura cessé de couler dans cette histoire dont les quatre personnages principaux trouvent une mort violente.
Une fin qui s'écarte de la convention sans la trahir.
Nous garderons de cette Tosca un excellent souvenir.

lundi 16 mars 2015

L'ÉTRANGE UNIVERS DE MANUEL LAVAL

Home sweet home
(c) Manuel Laval
Qu'en est-il du sexe dans l'art aujourd'hui et de l'expression érotique par laquelle certains créateurs tracent leur démarche ?
Si on peut penser que tout ce qui pouvait se montrer du corps et des mélanges des corps l'a été, en peinture, en photo, en couleur ou en noir et blanc, sous tous les éclairages possibles, quel discours nouveau l'art peut-il encore produire aux frontières du sexe brut, de l'érotisme et de la pornographie, susceptible de déboucher sur d'autres sens (cela peut s'entendre dans toutes les significations du mot), sur d'autres lectures, sur des émotions neuves.
C'est avec une curiosité toujours renouvelée que je suis depuis plusieurs mois le travail de Manuel Laval à travers ce qu'il publie sur le site Tumblr sous le titre "eroticcuboid".
On y voit se dérouler une étrange suite photographique, des cadres dans lesquels habitent des personnages nus, un peuple assimilable à des esprits de la nature reclus dans le dernier refuge où la liberté de délirer demeurerait possible, peut-être des membres d'un club échangiste condamnés à ne plus sortir de ce lieu même après la fête. Car c'est un monde joyeux et déjanté que place ce créateur allemand devant son objectif, un monde qui se serait extrait de l'Enfer de Dante ou des tableaux de Jérôme Bosch ou bien du Rocky Horror Picture Show, un monde dont on ne comprend pas facilement ce qui l'anime, sans passé et sans avenir, pris dans des situations absurdes dont le sens ne se laisse pas facilement saisir, s'il y en a un, une infinité d'interprétations se proposent à qui voudrait décoder ce bien mystérieux tarot onirique aux multiples lames colorées, parfois mythologiques dans lesquelles peuvent se percevoir les références à Tinguely ou Escher.
Chess Loser
(c) Manuel Laval

Manuel Laval prend un malin plaisir à déconstruire les codes de la photo érotique, il en emploie tous les éléments en les déconnectant de leur maléfique et troublant pouvoir d'attraction, ce qui peut faire penser que cet univers insensé est aussi insensuel. Tous les naturistes savent que la nudité n'est pas (forcément) sexuelle et il est ici question de l'utiliser pour combattre toutes les formes de tabous. Il est possible toutefois que ces photos soient uniquement perçues sous un angle provocateur et subversif. Nous sommes peut-être face à une tentative "naïve" de montrer des personnages qui essaient de transformer l'univers structuré et rationnel dans lequel une organisation sociale extérieure (qu'ils ont rejetée, mais cela peut aussi être le contraire) s'est efforcé de les contraindre. Ils se sont en tout cas débarrassés de toutes les marques par lesquelles se note la représentation sociale. Ils évoluent dans un au-delà du désir et de la fantasmatique, un au-delà de la consommation dont ils détournent les oripeaux qui traînent encore dans le cadre. Nous contemplons des modèles qui nous regardent parfois d'un air malicieux, ravis de participer à ce jubilatoire délire, il est du reste plaisant de noter ici que personne ne se prend au sérieux. Manuel Laval n'utilise pas de modèles professionnels, ce sont des amis qui en toute confiance viennent inscrire leur présence, leur corps dans son univers créatif et onirique. Il peut être intéressant de poser ces photos les unes à côté des autres pour débusquer ce qui peut les relier plus encore, tenter de voir comment de l'une à l'autre les interprétations peuvent se renforcer ou s'opposer, mais il est clair qu'à travers leur profusion et la régularité de leur production, la paradoxale unité de leur diversité, on perçoit l'existence d'une véritable obsession artistique dans le travail de ce créateur que je vous invite à découvrir, tout en étant curieux de savoir si vous partagerez mes perceptions.
http://eroticcuboid.tumblr.com

7+Traces on the Belly
(c) Manuel Laval
Best rest
(c) Manuel Laval
"t". (c) Manuel Laval





mardi 3 février 2015

MARSEILLONS, C'ÉTAIT TROP BON, FADA !!!

Merci à Sophie Vernet pour ses photos.

Simon Abkarian, un acteur admirable, ici en Cagole.
(c) Sophie Vernet

"MARSEILLONS", spectacle 100% marseillais, était programmé depuis un bon bout de temps (pas depuis l'an pèbre, mais presque) et faisait saliver tous ceux qui sont convaincus que cette ville au passé profond, à l'identité colorée et toute en relief, n'a pas besoin comme l'écrit Henri-Frédéric Blanc, l'auteur autour duquel s'articulait la soirée, de recevoir directement de Paris de "la culture en barquette cellophane". "Marseillons", on peut le dire, cette soirée rêvée, voulue, orchestrée par le comédien marseillais qui monte, Cyril Lecomte, aura bel et bien tenu toutes ses promesses en ce 31 janvier 2015, au creux d'un hiver que seule l'actualité a particulièrement refroidi, au point que cette idée de rassemblement s'harmonisait encore plus qu'à l'habitude à une profonde envie de faire les choses ensemble et d'accorder les différences.
On pouvait craindre que le public marseillais ignore l'évènement mais l'union des talents combinée à une communication efficace mêlant adroitement réseaux sociaux et médias "classiques", tous jouèrent le jeu, a débouché sur une salle de l'Odéon entièrement remplie qui faisait plaisir à voir, le spectacle pouvait commencer.
C'est à Laurent Febvay que revenait l'honneur de lancer la soirée alors que le public finissait de se mettre en place après avoir, dans le hall, écouter des lectures par Catherine Lecoq, chargée de donner voix aux auteurs marseillais sur quelques-unes de leurs plus belles pages, exercice pas facile dans un espace où les gens circulaient, découvrant les lieux, se rencontrant, s'interpellant, conversant, mais qu'elle accomplit avec conviction, grâce et régularité, Laurent Febvay donc, trouva vite le ton juste pour chauffer la salle sans en faire trop et envoyer sur scène Don Billiez et son groupe Addictive Pulse qui rythma l'atmosphère en deux-trois mouvements par ses cuivres dynamiques et harmonieux, la soirée était bel et bien lancée, les comédiens finissant par faire leur entrée en dansant.

Spectateurs en miroir, les comédiens en arrière-scène.
(c) Sophie Vernet













Le dispositif mis en place par Cyril Lecomte s'accordait avec l'esprit de la soirée, les comédiens restant en arrière-scène pendant que chacun d'entre eux passait à l'avant, tout à la fois public en miroir et chœur approbateur ou chambreur témoignant d'une complicité dans ce travail sur le fil du rasoir. C'est du reste Cyril Lecomte qui se chargeait sans problème de la scène d'ouverture, déjà bien rodée dans son spectacle "Lecomte est Blanc", et la salle répondait vite au comique du texte et de l'acteur. Il restait à savoir ensuite comment la qualité remarquable de la distribution réunie pour cette unique occasion allait amener ses propres mesures sur les mots de l'auteur de génie qu'est Henri-Frédéric Blanc dont les "Cagoles" se succédaient dans leur outrance et leurs angoisses existentielles.
 Comédiens et comédiennes les interprétèrent avec enthousiasme, les animant tout à la fois de leur talent et de leur métier. Parmi les femmes c'est Marie Fabre qui composa les plus convaincantes et cela sans s'éloigner du texte. Chez les hommes, Titoff dont c'est ne faire injure à personne qu'il est le plus connu de tous et qu'il prenait le plus gros risque (relatif, certes) en se joignant à l'aventure, sut chaque fois utiliser son sens de la scène pour improviser légèrement sans trahir l'écriture de sa "Cagole" et se tira avec ces mêmes qualités de la scène grinçante qui lui était proposée ainsi qu'à la sobre et élégante Aude Candela, scène qui condensait un livre particulièrement tout en nuance et renversement, "Nuit gravement au salut", illustrant la cruauté et le cynisme du pouvoir, qui surprit un public qui s'était habitué à rire mais qui ne laissa partir aucun toussotement sur la sortie pleine de panache d'Aude Candela, les deux acteurs, et l'auteur, avaient gagné.

Aude Candela et Titoff, une scène renversante.
(c) Sophie Vernet

Simon Abkarian m'a fait la plus belle impression. Cet acteur d'une grande vivacité est capable d'une infinité de jeux, il semble solidement formé dans son art, tout à la fois léger et intense, le corps souple d'un mime ou d'un danseur, sa "Cagole" fût une formidable composition tout comme son homme politique proposant rien de moins que la France renoue avec la croissance en commerçant les fesses de sa population féminine. Moussa Maaskri que les réalisateurs cantonnent encore beaucoup trop dans des rôles de méchant où il excelle, prouva de son côté qu'il possède aussi une fibre comique qu'il sût mettre au service de son personnage de Frédo le Fada qui embrasse la carrière de prophète.
Je ne veux surtout pas oublier la formidable prestation de Pierre Lopez qui donna vie à Bibi, un orang-outang doué de paroles qui crie son dégoût pour l'humanité, le travail sans aucun doute le plus intense et le plus abouti de la soirée.

Magistral Pierre Lopez en Bibi, singe savant.
(c) Sophie Vernet

Seul Georges Fracass se prit les pieds dans le tapis de son personnage, Jobi un truand marseillais. Le comédien, ne sut pas mixer le grotesque et le second degré, il donna la sensation de balancer un texte, certes initialement écrit à la troisième personne, mais qui avait pourtant été bien amené.
Après un nouvel entr'acte, toutes sortes de "son" se succédèrent sur la scène pour un fantastique bouquet musical final, mes affinités retiennent deux moments où le temps s'est suspendu, sur le trop bref passage de Levon Minassian ou de la mezzo Emmanuelle Zoldan mêlant sa voix au flow du rappeur Faf Larage. Fred Franchitti et son groupe Aston Villa eurent le temps de plaquer leur marque et leur personnalité, avant que Gari Greù suivi de son complice du Massilia Sound System Papet Jali ne concluent définitivement cette soirée unique avec leur Reggae entraînant et désormais légendaire sur lequel ils passent les mots de leur humanité et leur sens du partage.
C'était vraiment une très belle soirée. Dans son rythme, dans sa diversité, dans le rire, Marseille a pu se reconnaître dans ses artistes et le public aura je crois pleinement adhéré au concept et à l'image de la ville qu'il dégagea. On parle déjà d'un MARSEILLONS 2, plus printanier, estival, on peut gager qu'il aura tout autant de succès, surtout quand on sait qu'il y a encore du monde derrière, je ne peux les citer tous mais les membres du groupe QUARTIERS NORD ou D'IAM, Joe Corbeau doivent absolument en être, tout comme les auteurs Serge Scotto ou Gilles Ascaride qui en plus de la qualité de leur écriture sont aussi deux excellents comédiens.
 
Bref, à suivre, c'était trop bon, fada !

mardi 27 janvier 2015

MARSEILLAIS, MARSEILLONS !!!

Ceux qui le désirent trouveront le compte-rendu du spectacle sous ce lien :
http://danstoutlessence.blogspot.fr/2015/02/marseillons-spectacle-100-marseillais.html

Il se prépare un évènement suffisamment rare, voire exceptionnel, pour que ceux qui en ressentent la nécessité et chacun à son niveau s'efforce de le porter, de le caresser, de l'encourager pour participer à sa réussite en incitant le plus de monde possible à y venir et le faire longtemps résoner.
"Marseillons", c'est le titre de cette soirée qui se jouera sur une seule et unique fois le samedi 31 janvier au théâtre de l'Odéon, est un spectacle dont il est facile de percevoir la véritable et sincère générosité. Cyril Lecomte qui est à son initiative est parvenu à fédérer des talents différents, issus de la musique ou de la comédie, autour de l'écriture de l'auteur marseillais Henri-Frédéric Blanc.
Cyril Lecomte est un habitué des textes de cet auteur original et décalé dans le paysage de la littérature française contemporaine, il les lit en public ou les joue depuis près d'une dizaine d'années et son admiration pour l'auteur du mythique "lapin exterminateur", et de près d'une trentaine de livres, ne s'est jamais démentie. Marseille, qui est très présente dans les derniers livres de Blanc publiés aux éditions du Fioupélan, devrait se réjouir de cet hommage particulier et décapant que les artistes qui ont eu la générosité et l'envie communicative de suivre Cyril Lecomte, ont accepté de lui rendre.
Il y avait eu, je crois au début des années 80, une soirée exceptionnelle à l'Opéra où avait été réuni l'ensemble de la scène musicale marseillaise, tous genres et toutes générations confondues, cette soirée est désormais rangée en bonne place dans l'armoire aux souvenirs de la deuxième ville de France et plus belle ville du monde (fada). Celle qui s'approche sera de la même trempe. Elle annonce une prise de conscience à travers cette envie de faire les choses ensemble, de croiser autant de parcours différents pour marcher une seule fois côte à côte et exprimer chacun une des multiples facettes de la ville-monde, elle proclame que cette ville pas particulièrement reconnue sur le plan culturel, bien que l'Europe lui ait pompeusement attribué le titre de Capitale européenne de la Culture en envoyant des technocrates du genre piloter les manifestations tout en laissant à l'écart la plupart de ceux qui la font ici, elle proclame qu'elle a quelque chose à transmettre au monde. Quelque chose qui lui vient de ses racines, de ses tripes, de ses rues, de ses odeurs (l'évènement tombe en pleine grève des poubelles, raccord avec le goût d'Henri-Frédéric Blanc pour la Farce), de ses quartiers, quelque chose que je ne nommerai pas mais qui pourrait tout aussi bien s'appeler essence, caractère ou esprit, quelque chose que que nous avons ici en commun sans jamais tout à fait réussir à le dompter mais qui nous réunit dans une belle complicité à partager. Alors pour tout cela, pour rire et pleurer, il ne faut pas manquer ce spectacle dont on peut d'ores et déjà annoncer l'entrée dans la légende : Marseillons.
Je ne sais pas s'il reste beaucoup de places, mais dépêchez-vous !
www.marseillons.fr