jeudi 13 octobre 2016

Putain qué bon, NAVEGA, le nouveau MOUSSU-T E LEI JOVENTS


Le nouvel album de Moussu-T et Lei Jovents est apparu dans les bacs il y a peu, les lignes qui suivent sont une invitation à se le procurer. On a toujours plaisir à se connecter à la musique folk-country-blues-rock-world-fusion (comment la qualifier exactement ?) du band de La Ciotat. Navega !, c'est son titre, présente une séquence de la vie du groupe où la douce nostalgie et la lucidité frôlent le désenchantement, sans y céder non plus, pas question de renoncer à la révolte (Qu'es bon), mais où le constat semble l'emporter sur le combat (Vaici Marselha, regard sans complaisance sur l'aménagement urbain marseillais, et aussi le touchant Aquo mi fa mau), l'énergie est canalisée vers l'intériorité. C'est un album plus intime et moins festif où la fantaisie et l'humour n'ont pas été invités, mais il vous caresse les oreilles de la même façon que les meilleurs morceaux du folk américain, un album pour entrer lentement dans les belles couleurs de l'automne provençal. De là à dire qu'il y aurait quelque chose de "fatigué" qui traverse les tracks il y a une frontière que nous ne franchirons pas. La force se fait sentir dans le bastingage musical du navire qui profite provisoirement du calme au mitan de la mar, une force prête à tous les combats, mais sensiblement contenue. Si le ton impératif du titre ordonne de prendre la mer, il s'adresse à ceux qui écoutent, à condition qu'ils enregistrent son double sens sous-marin. Moussu-T apparaît plutôt entre deux révoltes avec l'envie de rester calme au Port-Vieux, en contemplation entre "le vide et l'acier" des grues de La Ciotat. Je livre ici une impression d'ensemble très subjective qui pourrait facilement se voir prise en défaut mais n'hésitons pas à répéter, l'ensemble est loin d'être dépourvu d'énergie et n'engage pas aux ambiances feutrées des longues soirées d'hiver près de la cheminée. Il y a un ton serein et juste, parfaitement maîtrisé, harmonieux. On n'y trouve pas forcément un futur "tube", mais tous les titres en portent le potentiel, cela ne pose aucun problème, car c'est un album homogène, cohérent, abouti en quelque sorte, à l'image de ces marins parfaitement équilibrés entre deux désirs, celui d'une relation douce et apaisante telle qu'elle ressort dans Cosmopolida, magnifique hommage à la femme d'une vie, et le fantasme (cela pourrait être Louise B, ou qui que ce soit, peu importe) d'une relation ardente, intense et passionnée tel qu'il s'exprime avec Tretze nuechs ambé misé, un album semblable à ces marins ayant beaucoup navigué qui imposent leur calme aux terrasses de bistrots des ports du monde entier, prêts à tout moment à reprendre le large. Il est chargé d'une belle poésie, porteuse à elle seule de tous les désirs de voyage. Et comme la forme rejoint le fond, il faut souligner la qualité remarquable du livret qui accompagne le CD avec les tableaux de Blu Attard, le guitariste du groupe qui révèle ici des qualités graphiques originales au moins aussi importantes que ses qualités de musicien et compositeur. Un album précieux, une belle œuvre des attachants chanteurs navals de La Ciotat. D'ailleurs je vais m'empresser de tweeter : oh je viens d'acheter le nouveau Moussu-T, il est putain qué bon !

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