mercredi 21 août 2013

BOSQUE, Antonio Dal Masetto



Bosque est un gros village guère éloigné de Buenos Aires, dans lequel un hold-up a mal tourné, les quatre baltringues l'ayant commis se sont fait massacrer les uns après les autres par la population car on ne sort pas facilement de Bosque, seuls deux endroits permettent de le faire.
Que vient faire Muto, deux ans après, dans cet endroit avec lequel il n'a aucune attache, Antonio Dal Masetto, l'auteur de Bosque n'hésite pas à nous le faire savoir très vite, l'un des malfrats, le cerveau peut-être, a tourné la tête de sa femme et l'a emmenée, il y a de nombreuses années.
Pour obtenir tous les détails macabres sur la mort de celui qu'il considère encore comme son ennemi, Muto s'invente une mission de scénariste en reconnaissance pour le futur tournage d'un film sur le drame dans lequel les habitants joueront leur propre rôle. Et le moins qu'on puisse dire est que le procédé fonctionne. Grâce à Véronika la réceptionniste de l'hôtel, Varini l'avocat manipulateur, nous allons découvrir les dessous d'une société en apparence neutre et sans problème, semblable à n'importe quelle agglomération humaine, mais qui nage en dans les eaux troubles de la rancoeur, du désir et de l'ennui.
Ce Muto n'est pas particulièrement sympathique ou intelligent, c'est un homme perdu lui aussi, dont la vie semble en suspend depuis la trahison de sa femme que d'autres, depuis le temps, aurait déjà largement oubliée, mais Dal Masetto incline progressivement le lecteur vers l'inquiétude de son destin, alors que son personnage semble se prendre au jeu du scénariste qui attire regards et convoitises, et n'arrive plus à se décoller de ce village dans lequel on lui donne le sentiment d'exister. L'histoire est ponctuée par les apparitions d'une jeune motarde avec laquelle il n'entrera en contact qu'à la fin du livre.
Il nous est dit dans la postface de ce roman à l'atmosphère épaisse, que Bosque et sa population représentent un condensé de la société argentine dont Dal Masetto se sert pour montrer les cicatrices occasionnées par la dictature militaire sur les âmes.
Il me semble que ce que révèle cet auteur n'est rien d'autre que les zones d'ombre que portent au fond de l'esprit tous les humains de cette terre, quels que soient les évènements historiques et douloureux qu'ils aient pu traverser.
À lire...

Bosque aux éditions l'atinoir, en vente dans toutes les bonnes librairies.