mardi 22 janvier 2013

AINSI PARLAIT FRÉDO LE FADA...

Photo (c) Thierry B Audibert


GÉNIAL HENRI-FRÉDÉRIC BLANC

Je viens de terminer le livre d'Henri-Frédéric Blanc paru aux éditions Le Fioupélan, Ainsi parlait Frédo le Fada, je suis sous le choc.

Ainsi parlait Frédo le Fada conte la folle geste de Frédo dans les temps obscurs du Califat de Mahârseille, qui s'improvise Prophète et s'en va dispenser son étrange enseignement. Comme nous sommes dans un monde de galéjades assumées où les lieux et les personnages ressemblent fortement à ceux qui les inspirent, les sourates du livre de Frédo deviennent des sardinates, 105 sardinates que le lecteur enchainera avec appétit sans jamais cesser de rire, chose rare voire inexistante dans la littérature d'aujourd'hui où les écrivains se montrent plutôt tristes de la plume, 105 sardinates dans lesquels Henri-Frédéric Blanc fait la brillante démonstration de sa parfaite connaissance de la mystique, qu'elle soit chrétienne, musulmane ou chinoise, ce livre baigne dans la spiritualité et c'est là sa performance, parvient en la détournant avec les armes terribles de la dérision à la nettoyer des misérables discours des obscurantistes de toute sorte.

Ce dernier opus, le vingt-septième, apparait comme le meilleur livre de son auteur, inspiré, profond, drôle, spirituel, et jouant d'une grande virtuosité avec le langage sans jamais se montrer vulgairement précieux ni se prendre au sérieux, Henri-Frédéric Blanc n'a d'ailleurs jamais eu de cesse de pourfendre à travers toute son oeuvre l'esprit de sérieux (celui des universitaires, des religieux, des politiques, des faux-artistes)  qui assèche les choses et les gens. Ceux qui connaissent déjà l'oeuvre particulière et unique de cet auteur penseront que les qualités que je viens d'énoncer sont déjà dans les livres précédents, mais on peut dire sans risque de se tromper que Ainsi parlait Frédo le Fada concentre dans ses 180 pages, avec une remarquable épaisseur et sur un rythme très soutenu, un vrai festival, l'ensemble des obsessions, des révoltes et des désespoirs, des angoisses et de l'énergie furieuse d'Henri-Frédéric Blanc, avec une plus grande densité qu'à l'habitude, une féroce drôlerie, une charge jubilatoire sur tous les comportements et attitudes qui nous régissent et nous écrasent.

Il va de soi que ce livre, ce monument, cet ovni littéraire, est investi d'une portée universelle, je veux dire par là qu'il n'est pas indispensable d'être marseillais pour s'y intéresser, ce qui est le cas de tous les ouvrages estampillés "overlittérature" *, que je n'hésiterai pas à écrire, ça c'est de l'engagement, que si vous ne l'achetez pas dans les heures qui viennent, qui que vous soyez, outre que vous encourez le risque d'être excommunié, je vous demande de ne plus reparaitre ici, vous ne méritez pas la sainte parole espadrillée de Frédo le Fada.

* Overlittérature ou Nouvelle Littérature Marseillaise Mondiale : littérature crûe, iconoclaste, qui se caractérise par son réalisme burlesque, son mauvais goût assumé, son irrespect total, sa marseillitude joyeuse loin de tout régionalisme et le recours aux armes de la dérision et de la satire.
Pétrone est considéré comme le saint patron de l'Overlittérature.
Ce mouvement littéraire a un pape : Sa Sainteté Henri-Frédéric 1er (Henri-Frédéric Blanc). Celui-ci a sacré Gilles Ascaride roi de l'Overlittérature (nom de règne : Gilles 1er l'Excessif).

dimanche 13 janvier 2013

C'EST ÇÀ MARSEILLE !!!

(c) Images de Thierry B Audibert


J'avoue que que je me suis fait avoir.

Rien ne ne pouvait laisser supposer un succès d'affluence de cette dimension sinon les espérances des organisateurs. Aucun bruissement autour de moi ces derniers jours, aucune attente, "Marseille 2013 ? Ouais, bof, c'est leur problème", et chacun d'en parler avec une réserve ironique. Et pourtant...

Nous voulions chanter La Traviata avec le choeur de l'Opéra de Marseille sur le parvis, à 18h30... Nous partons en métro, de St Barnabé à une heure raisonnable pour un trajet d'un quart d'heure, nous n'arriverons qu'après le triple du temps habituel. Nous connaitrons de grandes difficultés pour nous extraire de la station Vieux-Port, Vieux-Port que nous ne pourrons pas approcher.

Tout Marseille est là... ou presque. Impossible d'accéder au Vieux-Port même si on essaie plusieurs solutions. On a raté la grande clameur, on réussit à rallier le cours d'Estienne d'Orves où nous aurons la chance d'accéder au plus beau spectacle de la soirée (voir les images ci-dessus).

C'est çà Marseille, une ville qui nous étonne nous-même malgré le fait d'y être nés et d'y vivre entre bonheur et agacement. C'est çà Marseille. Une mère à la fois généreuse et capricieuse mais qui sait nous rassembler chaque fois que c'est nécessaire. Résultat : 400 à 450 000 personnes du Vieux-Port à la Joliette et... pas un seul incident. Qu'est-ce que j'aime cette ville. Pourtant pas de chance, alors que l'évènement aurait dû occuper toute la place dans l'actualité, la guerre au Mali qu'on espère brève et avec un minimum de victimes, et la polémique autour du mariage pour tous, altèrent un peu l'impact plus explosif qui pouvait accompagner cette ouverture. Les cathos et les islamistes nous emmerdent, qu'ils aillent se faire foutre.

De toute façon à partir d'aujourd'hui, nous avons un an pour profiter. Si, en plus, l'Olympique de Marseille avait la bonne idée d'être Champion de France ce serait la folie...

vendredi 11 janvier 2013

TROMPE-L'OEIL OU TROMPE-COUILLON ???

(c) Thierry B Audibert
Trompe-l'oeil sur la façade de la Bourse, Marseille 11/01/2013


Veillée d'armes pour Marseille. Demain s'ouvrira officiellement et pour une année, l'opération Marseille-Provence Capitale Européenne de la Culture 2013. On fait la Une des journaux pour autre chose que l'OM ou les règlements de compte, c'est toujours bon à prendre, mais nous voilà pour la plupart, nous, les marseillais, dans la plus parfaite expectative.

Il faut bien dire les choses, ça nous a fait plaisir d'être désignés par l'institution européenne en 2008, alors que nous ne nous donnions que peu de chances par rapport à des métropoles plus polissées comme Lyon par exemple ou même Bordeaux. Mais nous avons très vite eu le sentiment qu'il n'était pas question dans l'esprit des initiateurs de laisser beaucoup de latitude et de place aux acteurs locaux. Très peu de gens dans le village, car les français doivent le savoir, Marseille n'est qu'un grand village où l'info peut circuler très vite par les canaux les plus officieux, se seront trouvés en contact avec les techniciens (technocrates) de la culture choisis pour piloter le projet. Le regard sur la ville semble encore une fois avoir été porté de manière superficielle, en la prenant de haut avec une véritable appréhension de mesurer toute l'étendue du chantier considérable que représentait en vérité l'opération.

Nous avons bien observé les travaux de ravalement du Vieux-Port, la contruction du Mucem, en constatant que rien ne serait tout à fait prêt le jour J, l'ombrière du Vieux-Port m'apparait laide et gâche le paysage, nous ne nous sommes pas trompés. Nous avons soupçonné que de l'argent devait disparaitre au passage et qu'on allait pas se prendre la tête pour savoir qui en profitait, parce que c'est beaucoup trop compliqué de le savoir, et qu'après tout ce n'est pas notre argent mais celui de l'Europe qui n'avait qu'à faire attention. Depuis quelques jours nous détaillons le programme des festivités d'ouverture et nous y notons des initiatives plutôt sympathiques, une fanfare multiethnique de 170 musiciens qui seront vers la Place Sadi-Carnot, le choeur de l'Opéra avec lequel il nous est proposé de chanter un air de la Traviata sur le Parvis de cette authentique institution, le vacarme qui montera en fin de soirée avec les sirènes, les cloches, les cornes de brume, les cris de tous ceux qui daigneront venir au centre. Mais je reste pour ma part circonspect quant à l'initiative du Directeur du Gymnase, qui n'a pas eu d'autre idée que de faire chanter devant l'un de ses trois théâtres, la chanson "je suis une femme amoureuse", par 200 à 300 personnes coiffées d'une perruque de Mireille Mathieu. On se demande ce que vient foutre ici, même sous la forme travestie, la passionaria sarkozyste qui n'est même pas de chez nous, Avignon,  c'est déjà le Nôôrd.

Pas moins de 350 000 personnes sont attendues demain, et cela nous fait sourire car on a l'impression qu'à part les journaux parisiens, on s'en cague tous un peu de l'opération Marseille Capitale Européenne. Ils semblent avoir oublié une chose, les organisateurs, dans les quartiers où vivent la plupart d'entre nous, MP 2013 brille par son absence, alors que c'est par là qu'il fallait commencer pour nous concerner tous.

Alors qu'est-ce que ça va donner ce binz ? Un bordel réussi ou bien une effroyable couillonnade ? Un peu à l'image de cette immense fresque en trompe-l'oeil qui trône sur la façade de La Bourse, juste en face de l'endroit où furent assassinés en 1934 le roi Alexandre 1er de Yougoslavie et Barthou, alors Président du Conseil, qui nous appelle à changer de perspective et transformer notre réalité.
Trompe l'oeil ou Trompe-Couillon ?
Toute réflexion faite, je descendrai demain pour voir... quand même... on verra bien !!!

mercredi 2 janvier 2013

INTENTIONS ET SOUHAIT...

(c) Thierry B Audibert


Les professionnels du Livre ne cessent de s'interroger sur son avenir, à juste titre, nous vivons une période exceptionnelle où il est difficile d'apprécier aujourd'hui, après les déstabilisations que les nouvelles technologies ont commencé d'y opérer, comment ce marché trouvera son équilibre demain.
Il ne se passe pas un mois sans qu'un nouveau voile ne se lève, ou se rajoute, qui modifie les prédictions que chacun s'efforce de produire pour la meilleure lisibilité du futur. A ce titre, deux informations contradictoires apparues récemment méritent d'être observées avec la surprise amusée qui convient, par les amateurs de prospective, sur l'avenir de l'écrit.
La première confirme que les tablettes, comme l'an dernier, étaient pour Noël convoitées par tous ceux qui sont à la recherche de moyens légers et ludiques de communication. Elles exercent une véritable attraction sur des millions de consommateurs par leurs performances, leur design, leurs possibilités infinies parmi lesquelles celle de télécharger et stocker des "livres" numériques, consultables à tout moment en quelques clics, prétexte culturel le plus facilement mis en avant pour en justifier l'achat. La seconde, émanant d'une étude du cabinet Deloitte, plaçait le Livre en tête des intentions d'achat des français pour les fêtes, quand ce produit de l'ère Gutenberg ne se positionnait qu'au dixième rang l'an dernier.
Si au moment où j'écris nous ne pouvons pas douter du succès de ces outils formidables pour lesquels les constructeurs informatiques s'affrontent dans une guerre commerciale sans merci, j'envisage non sans espérance, mais avec quelques réserves, la vérification de ces intentions d'achat. On peut toutefois se demander ce que ces intentions révèlent, de manière souterraine, du rapport schizophrénique à ce jour des français au livre. Le réserver comme cadeau pour leurs proches nous indique qu'il conserve à leurs yeux une grande valeur symbolique et constitue une offrande de poids, pour un prix plutôt abordable, mais que nos compatriotes le réservent plutôt... aux autres. Il réside peut-être un germe étrange dans cette idée, une culpabilité née de l'adoption de la tablette qu'il faudrait compenser par l'achat de livres pour ceux qu'on aime, révélatrice d'un attachement affectif à l'objet et du souhait qu'ainsi il ne meure pas trop vite.
Mais il me plait de remarquer aussi que ce que l'on présente aujourd'hui comme des "liseuses", ne sont rien d'autre que des mini-tablettes, des outils pour lire, assembler, surfer sur les éléments multimédias, et quelque chose me dit, que je ne peux pas encore déterminer, que le livre dans son existence papier, a encore de beaux jours devant lui, que si la lecture prend de nouvelles formes, la plus profonde, la plus apaisante, la plus agréable, la plus nécessaire des lectures passera encore demain par le papier, c'est en tout cas ce qu'il me semble percevoir de ces observations, même s'il me faut préciser que j'ai bien conscience de n'y projeter peut-être que mon désir qu'il en soit ainsi. Et si tout simplement, n'y avait-il pas dans l'esprit du consommateur la fine intuition que les formats numériques en circulation aujourd'hui n'ont qu'un caractère éphémère et que c'est un risque de trop investir sur une incertitude ? C'est un fait, en période de crise, et incertaine, il faut se réfugier dans les valeurs sûres, et il se pourrait que le Livre, comme la Pierre, en soit une...