mercredi 2 janvier 2013

INTENTIONS ET SOUHAIT...

(c) Thierry B Audibert


Les professionnels du Livre ne cessent de s'interroger sur son avenir, à juste titre, nous vivons une période exceptionnelle où il est difficile d'apprécier aujourd'hui, après les déstabilisations que les nouvelles technologies ont commencé d'y opérer, comment ce marché trouvera son équilibre demain.
Il ne se passe pas un mois sans qu'un nouveau voile ne se lève, ou se rajoute, qui modifie les prédictions que chacun s'efforce de produire pour la meilleure lisibilité du futur. A ce titre, deux informations contradictoires apparues récemment méritent d'être observées avec la surprise amusée qui convient, par les amateurs de prospective, sur l'avenir de l'écrit.
La première confirme que les tablettes, comme l'an dernier, étaient pour Noël convoitées par tous ceux qui sont à la recherche de moyens légers et ludiques de communication. Elles exercent une véritable attraction sur des millions de consommateurs par leurs performances, leur design, leurs possibilités infinies parmi lesquelles celle de télécharger et stocker des "livres" numériques, consultables à tout moment en quelques clics, prétexte culturel le plus facilement mis en avant pour en justifier l'achat. La seconde, émanant d'une étude du cabinet Deloitte, plaçait le Livre en tête des intentions d'achat des français pour les fêtes, quand ce produit de l'ère Gutenberg ne se positionnait qu'au dixième rang l'an dernier.
Si au moment où j'écris nous ne pouvons pas douter du succès de ces outils formidables pour lesquels les constructeurs informatiques s'affrontent dans une guerre commerciale sans merci, j'envisage non sans espérance, mais avec quelques réserves, la vérification de ces intentions d'achat. On peut toutefois se demander ce que ces intentions révèlent, de manière souterraine, du rapport schizophrénique à ce jour des français au livre. Le réserver comme cadeau pour leurs proches nous indique qu'il conserve à leurs yeux une grande valeur symbolique et constitue une offrande de poids, pour un prix plutôt abordable, mais que nos compatriotes le réservent plutôt... aux autres. Il réside peut-être un germe étrange dans cette idée, une culpabilité née de l'adoption de la tablette qu'il faudrait compenser par l'achat de livres pour ceux qu'on aime, révélatrice d'un attachement affectif à l'objet et du souhait qu'ainsi il ne meure pas trop vite.
Mais il me plait de remarquer aussi que ce que l'on présente aujourd'hui comme des "liseuses", ne sont rien d'autre que des mini-tablettes, des outils pour lire, assembler, surfer sur les éléments multimédias, et quelque chose me dit, que je ne peux pas encore déterminer, que le livre dans son existence papier, a encore de beaux jours devant lui, que si la lecture prend de nouvelles formes, la plus profonde, la plus apaisante, la plus agréable, la plus nécessaire des lectures passera encore demain par le papier, c'est en tout cas ce qu'il me semble percevoir de ces observations, même s'il me faut préciser que j'ai bien conscience de n'y projeter peut-être que mon désir qu'il en soit ainsi. Et si tout simplement, n'y avait-il pas dans l'esprit du consommateur la fine intuition que les formats numériques en circulation aujourd'hui n'ont qu'un caractère éphémère et que c'est un risque de trop investir sur une incertitude ? C'est un fait, en période de crise, et incertaine, il faut se réfugier dans les valeurs sûres, et il se pourrait que le Livre, comme la Pierre, en soit une...

1 commentaire:

  1. J'ai une liseuse, cela ne m'empêche pas de continuer à acheter des livres papier et lorsque je trouve qu'ils sont bons en liseuse, je les achète en papier. Ainsi va le monde, il y a de la place pour tous.

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