Avec Rock des banlieues, Robert "Rock" Rossi, globe-trotter invétéré, mélange de Kérouac et de Zappa généré ou dégénéré au nord de La Belle de Mai, nous propose un fantastique voyage dans le temps via Planète Marseille... où il ne dansa jamais le mia, pas vraiment le genre du mec. L'un des créateurs du groupe mythique de rock, "Quartiers Nord" (pour les initiés QN, plus de cul moins de haine), nous raconte ici comment des potes de lycée décidèrent, au milieu du désert culturel qu'était Marseille dans les années 70, d'apposer leur marque sur les scènes de la ville au mépris de toute facilité musicale, scénique et surtout de langage, car il fallait être jobard complet pour imaginer qu'il y avait le moindre avenir à chanter du rock dans la langue des quartiers populaires de Marseille. Le succès n'était peut-être pas le souci de ceux qui montèrent des groupes les uns après les autres au gré de la maturation de leurs influences, avant que naisse celui qui fêtera finalement ses quarante années d'existence à la fin de 2017 au Toursky (c'est trop tôt pour réserver). Avec un regard sans concession sur Marseille, cette grande drôlerie qui est la marque féroce de QN, en plus de cette qualité musicale singulière relevée dès l'un des premiers articles dans Libération, à la grande époque du quotidien, mais avec aussi une étonnante précision dans les détails qui montre que Robert Rossi, aujourd'hui historien, il a soutenu sa thèse en 2015 sur le fantaisiste littérateur marseillais Léo Taxil, eut très tôt le sens de la trace, l'idée qu'il fallait noter pour que jamais rien ne se perde, ce qui nous permet d'évoluer avec lui dans ce qu'il qualifie finalement de roman autobiographique à la recherche d'un batteur, il y en eut pas mal pour des motifs souvent désopilants, mais aussi de lieux de répétition, de scènes sur lesquelles se produire, les amphis des facs furent au départ les plus accueillants, recherche aussi de service d'ordre, le premier concert à La Viste ayant plutôt mal tourné au sens propre et figuré, jusqu'à un producteur nazi totalement déjanté. Au milieu, il y a les filles plus matures que cette joyeuse bande, ou les fêlés en quête de paradis artificiels qui se joindront à l'aventure, certains faisant un détour par la case Baumettes, le bad trip de Pelugue devant la résidence universitaire d'Aix vous tordra de rire, et les voyages en solitaire de Rock avec des budgets plus que limités en Égypte, au Maroc et en Algérie au temps du Polisario, mais aussi en Écosse et à Londres, tout cela dessine ainsi l'itinéraire particulier d'un enfant du rock et de Marseille et de cette aventure musicale incomparable qu'il continue aujourd'hui avec Loize, le guitariste, ami d'enfance, et bien d'autres. C'est rythmé, c'est drôle, c'est précis, c'est Quartiers Nord, à lire absolument.
Rock des banlieues, dans toutes les bonnes librairies. 15€.
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