lundi 16 juillet 2012

RAMER...


Madeire (août 2010) (c) Thierry B Audibert
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)



Ramer, comme sur une galère.
Sans rien connaitre du cap que d'autres ont fixé.
Le travail de nos bras exploité par une autorité sans faille qui nous contraint.
Ramer avec la sensation qu'il n'y aura d'autre fin que l'ultime voyage, celui pour lequel le corps sera inutile.

Ou bien ramer sans vitesse.
Se donner le temps d'avancer en découvrant l'espace, en interdépendance avec la nature.
Jouir de sa propre motricité, avec le sentiment agréable d'avoir reconquis sa liberté.
Glisser à son rythme sur la surface du monde, avec l'idée fugace, à défaut d'en faire le tour, de sentir ses pulsations, ses ondes subtiles.
Intense unité.

Comment rame-t-on dans notre vie chaque jour ? Avec labeur, la plupart du temps. Nous ramons car nous avançons parfois si peu, en regard de nos besoins impérieux et de ceux que programment nos désirs, car nos égos fixent le cap, toujours avides de nouveaux horizons, imposant aux corps comme aux âmes de dépasser sans cesse les limites de l'épuisement après des efforts absurdes.

Il se peut que nous ayons chaque jour le choix de notre manière de ramer, la contrainte, la laborieuse, qui sera subie durant la plus grande partie de la journée ne laissant à la fin qu'un corps "(c)ramé", pour lequel les moments de repos ne sont jamais suffisants, ou alors le pagayage en douceur, au rythme choisi, lent mais régulier, dans cette plénitude rayonnante qui dissimule tout effort, comme si pouvaient se fondre travail et loisir, contrainte et plaisir.

Mais la plupart d'entre nous, dépassés le plus souvent par ce que la vie, dans son déroulement imprévisible, avec ses accélérations, ses urgences et ses évitements, sont dépourvus de toute alternative, obligés de ramer pour rattraper le temps qui se dérobe.

La rame, c'est le (d)rame.
Et c'est pagaie...


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